Pourquoi l’URSS ?

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Certains épisodes de l’histoire et du passé nous paraissent si stupéfiants et nous sont si étrangers qu’ils sont difficiles à expliquer. Pourquoi l’URSS ? Comment la Russie tsariste orthodoxe a-t-elle pu basculer aussi facilement dans le socialisme révolutionnaire et son désastre politique, culturel et humain ? Les écrivains russes de cette période nous apportent des clés d’explication. Nous tâcherons d’apporter un éclairage supplémentaire avec les réflexions de Thibault Isabel tirées de son essai A bout de souffle.

Fiodor Dostoïevski est un écrivain russe au diapason de l’âme de son peuple, tant dans ses aspects sombres que glorieux. Il a su prévoir et décrire la sanglante révolution socialiste dans son roman magistral Les Possédés. Au cœur de l’explication de Dostoïevski se trouve l’idée qu’il existe dans toute société des individus nihilistes, dont le contexte politique de la Russie de la fin du XIXe siècle va favoriser l’émergence et la montée sur l’échelle du pouvoir.

Avec Alexandre Soljenitsyne, nous accédons à une compréhension moins psychologique et plus sociologique. Dans son étude historique Deux Siècles ensemble, Soljenitsyne explique l’avènement du Grand Soir par l’existence d’individus bercés par les idéaux révolutionnaires de leur époque. La Révolution française et la Terreur faisaient d’ailleurs partie de leurs références. On peut qualifier le noyau dur de ces révolutionnaires de bas-clergé universitaire, trop enseigné pour être assimilé au peuple mais pas assez éveillé pour accéder à la hauteur de vue nécessaire à la conduite du changement.

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17 juillet 1918 : l’assassinat de Nicolas II et de la famille impériale russe par la fange révolutionnaire

La réussite d’un projet politique, a fortiori révolutionnaire, semble difficile à concevoir sans l’adhésion d’une partie de l’opinion et des consciences. Or, il semble bien que les idées révolutionnaires aient non seulement fait leur chemin dans la société russe de l’époque, mais qu’elles aient suscité des vocations.

Dans son essai A bout de souffle , Thibault Isabel propose une explication supplémentaire basée sur un regard critique de la civilisation chrétienne, de ses présupposés et de ses fondements. Dans leur rapport à un Dieu transcendant, les monothéismes développent une vision absolutiste qui a tendance à placer les croyants dans une situation de soumission de leur volonté au corps sacerdotal dépositaire de la foi. Les monothéismes privilégieraient la tentation fanatique à l’exercice du libre arbitre. Si la société russe a aussi facilement basculé dans le Grand Soir révolutionnaire, ce pourrait être parce que l’on peut facilement substituer un horizon eschatologique à un autre aux yeux du croyantpour peu que cet horizon s’articule selon des schémas de pensées qui lui sont familiers. Rien ne ressemble plus à un absolutisme qu’un autre absolutisme.

La nouvelle Russie a certainement acquis, au prix fort de son histoire, une conscience aiguë du risque totalitaire et de ses conséquences. Est-elle pour autant immunisée ? La société russe retrouve un certain engouement pour la foi chrétienne orthodoxe et semble renouer avec certains traits permanents de son histoire, comme son régime politique basé sur la personnification du pouvoir. Nous jugerons l’arbre à ses fruits.

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