La recherche scientifique classique est l’héritière de la pensée post-cartésienne, basée sur la méthode consistant à « diviser chacune des difficultés que j’examinerais, en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour les mieux résoudre. ». Bien que cette démarche ait porté ses fruits, elle tend à se heurter à des difficultés majeures. Tâchons d’illustrer ces limites par quelques exemples :
- Dans le domaine de la recherche physique, on sait désormais, depuis les travaux de Louis de Broglie, Werner Heisenberg et Max Planck que l’observation d’un phénomène quantique a un impact sur le phénomène lui-même. L’observateur est difficilement dissociable de ce qu’il observe.
- Dans le domaine diplomatique, les politiques se fixent parfois des objectifs de court terme pour lesquels ils emploient des moyens contre-productifs sur le long terme. Il existe une dialectique entre les moyens mis en œuvre et la fin visée.
- En sociologie, les études sont régulièrement infléchies par la connaissance de leur réalisation. On assiste à des phénomènes d’autocensure rendant les administrateurs aveugles aux problèmes qu’ils sont censés prévenir, avec les conséquences qu’on imagine sur la pertinence des mesures prises à l’aune de ces études.
- En psychologie sociale, des phénomènes tels que les prophéties auto-réalisatrices ou encore les effets d’avalanche restent difficilement explicables sans la grille de lecture systémique.
On pourrait encore allonger la liste des cas d’études limités par l’approche analytique classique. Si ces limites sont invisibles aux yeux de l’opinion publique, c’est ironiquement selon un biais d’observation qui est le produit de l’auto-justification des paradigmes en vigueur. Loin de chercher à dépasser ses propres limites conceptuelles, la recherche a souvent tendance à produire un ensemble de travaux visant à justifier son cadre.
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