Le chat

 

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Viens, mon beau chat, sur mon cœur amoureux ;
Retiens les griffes de ta patte,
Et laisse-moi plonger dans tes beaux yeux,
Mêlés de métal et d’agate.

Lorsque mes doigts caressent à loisir
Ta tête et ton dos élastique,
Et que ma main s’enivre du plaisir
De palper ton corps électrique,

Je vois ma femme en esprit. Son regard,
Comme le tien, aimable bête
Profond et froid, coupe et fend comme un dard,

Et, des pieds jusques à la tête,
Un air subtil, un dangereux parfum
Nagent autour de son corps brun.

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— Charles Baudelaire

 

Face à la mer

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Sur le sable, face à la mer
Se dresse là, un cimetière
Où les cyprès comme des lances
Sont les gardiens de son silence.

Sur le sable, des lits de fer
Sont plantés là, face à la mer
Mon ami, la mort t’a emmené
En son bateau pour l’éternité.

Si on allait au cimetière
Voir mon nom gravé sur la pierre,
Saluer les morts face à la mer,
Ivres de vie dans la lumière.

Dans la chaleur, le silence
A l’heure où les cyprès se balancent
Les morts reposent au cimetière
Sous le sable, face à la mer.

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—  Les Négresses Vertes

La fabrique de l’entropie

A la vitesse où l’économie actuelle extrait les ressources de l’environnement, combien de générations faudra-t-il avant que notre modèle économique de production ne vienne dangereusement flirter avec les limites de l’écosystème ? Qui, aujourd’hui, peut encore croire que nous pourrons continuer durablement sur un tel rythme ? Comment expliquer qu’il faille aller toujours plus loin dans l’extraction et la transformation des ressources pour satisfaire les besoins des hommes ?

Si la valeur marginale de la production tend à diminuer – comme c’est le cas dans tout système ayant franchi un certain seuil quantitatif de production -, alors que dans le même temps le coût écologique va croissant ; ne faut-il pas conclure que le modèle est mauvais ou à revoir ? Si, dans l’économie de l’économie, nous intégrions les coûts cachés de notre modèle de production, nous ferions le constat d’une destruction nette de valeur et d’une décroissance globale uniquement masquée par une comptabilité dont le périmètre a été choisi pour occulter les déséquilibres chroniques. C’est ce que démontre l’économiste hétérodoxe Nicholas Georgescu-Roegen dans son essai « Loi Entropique et processus économique ».

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Empire State Building, Petronas Twin Towers, Tour Khalifa… toutes ces constructions extérieures viennent faussement combler nos carences intérieures selon des projets babéliens dont on devine l’issue